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LA RIVIÈRE-À-MARS

vernail, et ils surveillent attentivement la course de la goélette. Le vent est capricieux dans ce long couloir bordé de promontoires vertigineux. Des sautes brusques, puis des calmes subits y mettent les petits navires en folie. Et, de chaque côté, une ligne de falaises frangées d’immenses écharpes blanches cachent de traîtres rochers ! Impossible, pendant des lieues et des lieues, d’aborder nulle part. Il ne ferait pas bon alors d’être maîtrisés par la bourrasque.

Enfin, dix jours après le départ, on arriva à la Baie des Ha ! Ha ! La petite goélette, obliquant vers la droite, franchit le « Bras du Saguenay ». Alors se présenta un spectacle incomparable dont on eût voulu éterniser l’apparition instantanée : un immense lac bleu entouré de hautes forêts de pins dont les plus proches, en se dédoublant dans l’eau calme et tranquille, faisaient l’ombre d’un côté à l’autre de la baie. Une gigantesque corbeille de verdure, dont le fond est un miroir immense ! En ce moment, le soleil, horizontal, éclabousse toute la baie de rayons multicolores. Un vent léger souffle juste assez pour enfler la voile