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LA RIVIÈRE-À-MARS

Les hommes, les bêtes et la terre sont fatigués. Aussi, rien ne ressemble moins aux bruyantes parties des labourages du printemps que les mornes promenades de l’attelage las du labour d’automne. La glèbe est vaseuse et froide ; le ciel est gris et bas, rayé de vols de corneilles qui croassent et s’abattent par bandes pillardes dans les sillons où traînent des buées. À travers les planches labourées ou simplement entamées de quelques sillons de la charrue, s’étalent pendant des jours les lisières de chaume mort ou de friche ras. Car on ne laboure, l’automne, qu’à temps perdu.

Alexis Picoté voulait depuis longtemps construire un poulailler attenant à l’écurie. Ses poules avaient toujours eu, dans l’étable, un habitat commun avec les vaches. Malgré le désarroi de sa vie présente, il tâchait de ne négliger aucune amélioration. À la fin d’octobre, il alla couper six beaux billots d’épinette rouge sur la partie de sa terre qui longeait la Rivière-à-Mars, où il avait gardé une réserve de bois. Puis, le lendemain, il partit pour un petit moulin à scie où on lui avait promis de lui scier, planer et embouveter ses planches dans la journée. Ce moulin