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LA RIVIÈRE-À-MARS

forgeron, s’ingénier à réparer les stalles des étables, à rajuster les portes et les fenêtres des bâtiments, à rafistoler les ais et les gonds, à raboter ici et là. C’est aussi l’époque où, entre d’accidentelles journées de labour, l’habitant fait le plus d’allées et venues où il montre ses aptitudes commerciales. C’est comme une période de congé rural où l’on a l’air de voir passer les jours avec regret et de regarder l’avenir avec inquiétude. De mélancoliques soleils annoncent l’hiver, destructeur des magnificences de l’automne. Jusqu’à octobre, le travail du froid a été à peine sensible. Les gelées blanches ont bien jauni les arbres, mais tant que les feuilles y restent attachées, c’est plutôt l’apothéose de la nature que la cessation de la vie. Puis le gazon se bronze et les fleurs meurent. Parfois l’été des Sauvages fait revivre les premiers jours de septembre. Alors, le soleil redevient plus chaud, et le ciel, légèrement terni, semble reconquérir sa primitive splendeur. Mais l’été des Sauvages ne ranime pas les fleurs, ne reverdit pas les plantes. Et, à cette époque, une nuit suffit pour donner à la nature l’aspect sinistre d’une moribonde.