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LA RIVIÈRE-À-MARS

dont Alexis Picoté surveillait avec attention, on le pense bien, les gestes et les paroles. Mais il constata non sans chagrin qu’elle paraissait fort peu s’intéresser à toutes ces choses-là. Pendant qu’il s’efforçait de lui dire les habitudes des animaux de la ferme et des forêts, ou de lui faire comprendre certains travaux des champs, elle caquetait avec Pierre les cancans de son monde de danseurs de gigues.

Cette visite fit comprendre à Alexis Picoté que son fils, complètement pris par cette fille des États, ne parlerait bientôt plus la même langue que lui. Pierre alla reconduire Louise Boivin à Chicoutimi où, cette fois, il resta quatre jours. On était pourtant en pleine période des labours d’automne. Comme les voisins, profitant de quelques beaux jours, étaient occupés à leurs propres travaux, il fallut qu’Élisabeth laissât là tout son ménage de la maison pour aller toucher le bœuf et le cheval attelés à la charrue.

Cependant, Pierre n’avait pas encore parlé de départ. Cette retenue persistante, c’était dans le champ embrumé des pensées d’Alexis Picoté