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LA RIVIÈRE-À-MARS

die, la mort même, là-bas, seuls ; les privations de toute nature, les fatigues, les peines auxquelles ils vont être exposés pendant un temps qu’ils n’osent mesurer. Ils pressentent les serrements de cœur qui vont les assaillir dans l’ennui et l’isolement, au fond des bois si lointains.

Plusieurs, étendus sur le pont de la goélette, songent à tout cela en cherchant le sommeil. Mais, parfois, des perspectives plus souriantes leur font monter au cœur comme des bouffées de joie. Ils imaginent le travail ardu de leurs bras qui communiquera la vie aux forêts silencieuses de là-bas. Peut-être, dans peu d’années, des villages s’édifieront à la place des grands bois. Avec quelle allégresse ils saluent dans leur pensée le premier clocher qui se dressera dans la plaine défrichée.

La femme d’Alexis Picoté, sur le pont, dans les heures de dépression, encourage les hommes. Elle est la digne compagne du chef. On aime son joli visage clair et ses vingt-cinq ans pleins d’agréments. Elle s’est faite la ménagère de tout l’équipage. Elle fricote du matin au soir.

Alexis Picoté et Thomas Simard sont au gou-