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LA RIVIÈRE-À-MARS

fille du pays, c’était meilleur signe que jamais, somme toute. C’était sans doute que Pierre ne songeait pas à partir, mais à se fixer définitivement ?

Il ne savait pas encore que « la blonde » de Pierre était une jeune fille élevée aux États-Unis et qui, à la mort de son père dans une ville du Maine, était venue à Chicoutimi demeurer chez l’un de ses frères, contremaître aux moulins Price.

Le rêve qu’il avait caressé ne fut pas de longue durée. Dès qu’il eut connu Louise Boivin, le père Maltais se rendit compte que cette fille-là était une « évaporée » n’ayant rien que du pimpant, dont elle jouait comme d’une senne pour circonvenir le premier venu voulant l’épouser et la ramener aux États-Unis. Et Pierre n’avait pas le caractère assez solide pour résister à cette coquette, dont les airs candides et les attitudes de dévergondée s’alliaient pour lui faire perdre tout à fait la tête. S’il avait été sérieux et s’il avait aimé la terre, peut-être qu’Alexis Picoté eût laissé faire ce mariage sans trop se tourner les sangs ; car, dans ce cas, c’est Pierre qui eût mené la barque, et sa femme n’aurait pas pu l’entraîner hors du pays.