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LA RIVIÈRE-À-MARS

muser et à sortir. Un jour, il se mit à faire la cour à l’une des filles de Tancrède Desbiens, de l’Anse-à-Benjamin. Elle n’avait jamais appris à lire, écrire et compter qu’à la maison, mais elle n’en était pas moins belle, vaillante, de jugement solide et sain, et elle aimait la terre autant que son père, ce qui n’est pas peu dire. Le mariage eut bientôt lieu. Depuis, le cadet des Caron avait été un tout autre homme. On l’aurait insulté en lui proposant l’emploi le plus cossu dans les villes. Il y avait trois ans de cela. L’année de son mariage, son père lui avait acheté, pour sa part, un beau lot de terre au Grand-Brulé, et le garçon maintenant était en train de devenir un des habitants les plus à l’aise de la place.

Alexis Picoté appuyait ses espoirs sur l’exemple du fils de Jean-Baptiste Caron. Pierre n’avait pas besoin, lui, de défricher un lot. D’ailleurs, il n’avait jamais parlé de départ. Il pouvait manquer de cœur à l’ouvrage, ne pas aimer les travaux de la terre, penser à s’amuser plus souvent qu’à son tour. Mais il était jeune encore, et ces façons volages étaient de son âge. Il s’assagirait avec le temps. Et maintenant qu’il faisait la cour à une