Page:Potvin - La Rivière-à-Mars, 1934.djvu/12

Cette page a été validée par deux contributeurs.
14
LA RIVIÈRE-À-MARS

la société. À l’automne, si cette première expérience réussissait, on tenterait une exploitation plus considérable de la forêt. Et on était sûr de trouver dans Charlevoix tous les hommes nécessaires à l’extension des chantiers.

À la fin de mai, la petite goélette de Thomas Simard, la Sainte-Marie, les voiles gonflées par une forte brise du sud-ouest, passait devant la Boule et entrait dans les gorges du Saguenay.

Le vert tendre des arbres de la rive était encore mêlé de gris ; mais la glorieuse sauvagerie commençait à se parer de richesses qui ornaient des montagnes et d’autres montagnes, des caps et encore des caps, tourmentés, fantastiques, et des arêtes dénudées, et des pitons effarants sortant d’abîmes d’eau. Ici et là, une pente dévalait lentement, garnie de boqueteaux de sapins et de bouleaux aux troncs de cierge, qui adoucissait, semblait-il, la rudesse de ce décor d’une étrangeté infinie. Nature informe, cyclopéenne, et, à la longue, fatigante, étouffante.

Pendant des milles et des milles, de chaque côté, on voit les rives battues de blancs ressacs qui éclaboussent les falaises de phosphorescences. Car