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LA RIVIÈRE-À-MARS

qu’il y avait des exceptions et que Camille Dufour, le cavalier de sa fille, en était une, puisqu’on le lui avait assuré. De fait, il observa que le jeune homme ne sacrait pas et Élisabeth lui jura qu’il n’était jamais arrivé en boisson. Quant à aimer la terre, c’était une autre affaire. On avait toutes les raisons de croire que Camille Dufour aimait mille fois mieux passer sa journée à débourrer la grand’scie de chez Price que tenir les mancherons de la charrue seulement la longueur d’un arpent.

À cause de cela, Alexis Picoté espérait un peu que ce garçon-là se tannerait vite à faire la navette entre Chicoutimi et la Grand’Baie sur le petit banc du postillon et à semer son argent dans le chemin. Mais au printemps, quand il revint du bois, il dut se rendre compte qu’il s’était trompé. Le gars de Chicoutimi venait à Saint-Alexis chaque semaine et mettait sur la route du postillon une nouvelle piastre.

Quelque temps après la fin des chantiers, Camille Dufour arriva un samedi soir comme de coutume à Saint-Alexis. Il était plus faraud que jamais et les gens du village observèrent qu’il avait fait peau neuve : habit, cravate, — une belle