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LA RIVIÈRE-À-MARS

Alexis, il entreprenait des coupes de billots pour le compte des Price de Chicoutimi. Pierre, à l’automne, montait avec lui au lac Gravel. Mais il n’était pas plus ardent à la hache qu’il n’était ambitieux à la charrue, à la petite faucille ou à la faux. Alexis Maltais se demandait toujours à quoi pouvait bien rêver ce garçon-là. On eût dit que le travail n’était jamais son affaire.

Au lac Gravel, Alexis Picoté et Pierre habitaient tous deux, avec un engagé du nom de Demeules, un petit camp de bois rond couvert de branches d’épinette et de sapin. La vie n’était pas joyeuse, il est vrai, mais elle était confortable et saine. On y coupait de superbes billots qu’on vendait bon prix, au printemps, chez les Price.

Le soir, après le souper, pendant qu’on fumait autour du petit poêle de tôle noire qui réchauffait la cabane, Alexis Maltais disait à Demeules :

— Encore cinquante beaux billots d’épinette rouge aujourd’hui. C’est de l’argent, ça, pour le printemps !

Et Pierre, pensif, les coudes sur les genoux, suçant sa petite pipe de merisier, répondait pour Demeules qui n’était pas bien parlant :