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LA RIVIÈRE-À-MARS

accéléré, vers la barrique de vin de groseille et le fricot d’Élisabeth. Car ils connaissaient les usages de la femme d’Alexis. La corvée d’aujourd’hui, ils la faisaient depuis plusieurs étés, pour débarrasser d’un seul coup leur voisin des travaux de la fenaison. Depuis la mort tragique d’Arthur dans la Rivière-à-Mars, on savait l’ancien chef des « Vingt-et-Un » à peu près seul pour tous les travaux de sa terre et on s’organisait pour venir l’aider aux époques dures de l’année, aux labours du printemps et de l’automne, aux foins, aux récoltes.

Car Pierre, l’aîné d’Alexis Picoté, comptait de moins en moins ; et son père ne cachait plus qu’il était définitivement perdu pour la terre. Il inventait maintenant tous les prétextes pour ne pas travailler. Le jour de la corvée des foins, il s’était dit malade pour rester à la maison. Ces façons-là empoisonnaient la vie d’Alexis Picoté, du jour de l’an à la Saint-Sylvestre. Car toutes les saisons traînaient Pierre comme un corps mort.

Alexis avait continué de couper du bois, l’hiver, non pas sur sa terre où il n’y en avait presque plus, mais au lac Gravel. Avec des gens de Saint-