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LA RIVIÈRE-À-MARS

panique devant d’irréels spectres errants, d’imaginaires étreintes des morts, d’illusoires bêtes effroyables qu’inventa l’épouvante des femmes : tels étaient les gens de la Grand’Baie, fils du pays de Charlevoix, qui ne pouvaient d’abord que songer vaguement à ce fameux « chemin de voiture », chemin où la lumière obscurcirait trop d’illusions, où les ténèbres sembleraient trop claires en n’étant plus hantées, chemin qui éventrerait les mystères des montagnes et des forêts et qui ferait périr encore les nostalgies copieusement brodées de l’éloignement. Mais les gens de la Baie ont bientôt eu leur « chemin de voiture », et bien d’autres choses sont venues par là, apportant aux familles du Saguenay le confort honnête au delà de quoi les agriculteurs n’ont plus d’ambition que pour leurs enfants.