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LA RIVIÈRE-À-MARS

les chardons, les herbes Saint-Jean et les herbes-à-dinde.

Tout cela, si banal et si naturel dans un jardin à l’automne, captivait d’intérêt ces campagnards devenus subitement sybarites de la nature.

Au cours de cette première « veillée au corps », le curé était venu. On avait récité un autre chapelet, et le prêtre était parti après avoir béni le mort et les veilleux.

La garde du corps augmenta pendant trois nuits et deux jours. Quand l’heure du service arriva, l’église se remplit de toute la population de la Baie venue en témoignage d’estime pour les Picoté, témoignage muet, exprimé surtout par la pensée solidaire dans la prière. Et le bedeau ferma la fosse dans le cimetière qui tassait déjà tout près de l’église ses deux bonnes douzaines de petites croix noires ou blanches.

On était déjà loin du jour où il avait fallu, sur la glace du Saguenay et à travers la forêt, traîner jusqu’à la paroisse natale de Charlevoix les restes gelés des trois premiers trépassés de la colonie de la Baie. Quel chemin parcouru depuis ! La contrée lointaine du Saguenay, presque inac-