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LA RIVIÈRE-À-MARS

le faisait souvent pour leur souper, de ces petites truites rouges qu’ils aimaient tant.

Une bonne douzaine de personnes, hommes et femmes, s’étaient réunies dans la maison pour la « veillée au corps ». Deux voisins charitables avaient procédé à la toilette du trépassé. Il reposait maintenant au milieu de la pièce principale, sur trois planches recouvertes de drap blanc et posées sur deux chevalets d’établi qu’on avait empruntés au menuisier. Les quatre murs de la pièce, de même que le parquet de bois brut, étaient recouverts de toile blanche. Aussi, les hommes ne se tenaient déjà guère plus dans la pièce, chassés par la propreté qui y régnait. Ils stationnaient ici et là, dans la cour, sur la galerie, ou dans le potager, où ils se trouvaient beaucoup plus chez eux que dans cette chambre blanche qui sentait la lessive. Ils fumaient et parlaient des récoltes qui venaient de finir. Chaque demi-heure, on entendait au dehors les murmures, assourdis et confus, de personnes récitant le chapelet ; et alors on s’approchait, on se tassait au seuil de la porte, sur la galerie. Puis, la prière achevée, les bonnes gens répétaient, au dedans ou au dehors de