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ÉPILOGUE

La terre de la Baie fut vendue, en effet, l’été suivant, à un cultivateur de la Beauce qui était venu au Saguenay pour y établir un de ses fils. Et avec ce qu’elle avait rapporté d’argent, le père de Joseph et d’Arthur, ses dettes payées, loua, un peu plus loin, tout près de l’Église de Saint-Alexis, une maisonnette où avec Nestine, il vécut deux ans, le cœur et l’âme, à tous deux, malades de tristesse et d’ennui. Puis, un jour d’automne, « sa mère » fut frappée d’une syncope et mourut quelques jours après, laissant son « vieux rentier », comme elle l’appelait quelquefois, seul avec ses soixante-dix ans de souvenirs.

Jeanne vint de Chicoutimi à l’enterrement de sa mère et voulut amener le père vivre avec elle. Mais il ne voulut jamais entendre parler d’aller finir ses jours dans une ville de moulins. Il passa l’hiver chez un voisin, un petit fils d’Alexis Simard, chez qui il s’occupait à des menus travaux autour des bâtiments. Le printemps venu, il partit pour Charlevoix, afin de revoir, disait-il, quelques lointains parents qui lui restaient.

Il finit par entrer à l’Hospice des Vieillards de la Baie Saint-Paul, et c’est là, qu’une après-midi de prime automne, dans le jardin encore ensoleillé de