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la baie

Le lendemain, Nestine, les larmes aux yeux, me dit pendant le dîner :

« Écoute, son père, c’est inutile de s’ostiner, il y a pas à berlander, il faut vendre au plus coupant… »

Elle avait raison et j’avais pas osé le dire d’abord. Je n’ai pas répondu et je me suis mis à pleurer comme un enfant, comme le soir où on nous avait amené le cadavre de mon cadet noyé et comme l’après-midi où sur le pont de la Rivière-à-Mars, vingt-cinq ans après, revenant de reconduire Joseph au bateau qui l’emportait aux États, j’avais senti la fin de ma terre.

Il fallait vendre le bien que m’avait laissé mon pauvre père !