Page:Potvin - La Baie, récit d'un vieux colon canadien-français, 1925.djvu/70

Cette page a été validée par deux contributeurs.

X

Dans ce temps-là, des steamboats de la Compagnie Richelieu et Ontario, de Montréal, avaient commencé un service de navigation entre Montréal, Québec et le Saguenay. Un de ces bateaux venait deux fois par semaine à Chicoutimi et passait, quand la marée adonnait, par la Baie des Ha ! Ha ! Il s’arrêtait à Saint-Alphonse où on avait commencé la construction d’un quai. C’était la fin de l’isolement où nous étions depuis la fondation de Saint-Alexis. Vous pensez si tout le monde fut content de ce service. Les steamboats arrêtaient, en passant dans le Saint-Laurent, aux quais de la Malbaie et de la Baie Saint-Paul. Dans moins de deux jours nous pouvions aller dans les paroisses de Charlevoix et à Québec dans un peu plus d’une fois vingt-quatre heures. Et on pouvait voyager ainsi dans de vraies maisons où il y avait toutes les commodités imaginables. Ah ! on était loin de notre première goélette !

Aussi, Saint-Alexis et Saint-Alphonse s’étaient mis à prospérer que c’en était une vraie bénédiction. Nos terres prenaient de la valeur à vue d’œil pour la bonne raison que l’automne nous pouvions envoyer plus facilement les produits de nos récoltes sur les marchés de Québec. Quel chemin dans cinquante-cinq ans ! Nous autres, de la première goélette, on pouvait pas croire qu’à la place du gros village de