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AVANT-PROPOS



« La langue populaire », a-t-on dit, « est la seule vivante ». Aussi, rien de plus émotionnant, en notre siècle de maniérisme, que d’entendre parler le bon vieux langage canadien-français des campagnes, si simple dans sa forme, par un homme du peuple resté fidèle aux antiques traditions françaises transplantées voilà des siècles en un coin d’Amérique où, parfois, on les sent encore vivre avec cette acuité qui fait que la Nouvelle-France d’autrefois, pour ceux du pays des aïeux qui nous visitent, doivent leur sembler une province de la vieille France…

Le vieux parlait comme il avait appris et comme il avait toujours parlé, tâchant toutefois de soigner plus qu’à l’ordinaire ses mots et ses tournures de phrases, comme, d’ailleurs, l’on s’efforce de faire, semble-t-il, dans la vie courante du cultivateur bas-canadien qui cherche par les faibles moyens dont il dispose, à atteindre une perfection relative autant dans l’exercice de son dur travail que dans sa façon de vivre mieux ou aussi bien que ses voisins, surtout s’il vient des vieilles paroisses où l’on se pique de « civilisation ». En somme, le vieillard parlait le véritable langage populaire bas-canadien tel qu’on l’observe dans les comtés québécois du versant nord du Saint-Laurent, où il se conserve sans les anglicismes