Page:Potvin - L'appel de la terre, 1919.djvu/93

Cette page a été validée par deux contributeurs.

C’est le soir du 11 juillet 1782, commença Paul Duval, et nous sommes à l’Île-aux-Coudres, à quelques lieues d’ici, plus bas, dans le fleuve. Le curé, l’abbé Compain, était occupé à lire dans son presbytère, quand, tout-à-coup, vers minuit, la cloche de son église se mit à teinter lugubrement dans son clocher solitaire. Surpris, il sort et va voir dans l’église qui peut ainsi sonner à cette heure de la nuit. Il ne voit personne… et la cloche tinte toujours d’elle-même, comme un glas. Et comme il retournait dans son presbytère, il entendit une voix qui lui dit : « Le père LaBrosse vient de mourir à Tadoussac ; demain, rendez-vous au bout d’en bas de l’Île ; un canot viendra vous chercher et vous conduire à Tadoussac où vous ferez la sépulture du Père. »

Le lendemain, après sa messe, l’abbé Compain attendait au rendez-vous fixé par la voix mystérieuse.

Que s’était-il passé, ici, à Tadoussac ? Voici, pour la réponse, ce qu’ont raconté aux hommes de notre génération, des vieillards qui furent témoins oculaires de la mort du saint Père LaBrosse. Ce dernier, tout le jour du 11 avril avait vaqué aux exercices de son ministère. Vers le soir, il se rendit prendre quelques minutes de récréation dans la maison de l’un des officiers du Poste de Tadoussac et vers neuf heures, il se prépara pour partir. Tout à coup, prenant un ton de voix solennelle, il dit : « Mes amis, je vous dis adieu, adieu pour l’Éternité, vous ne me verrez plus vivant ; ce soir, à minuit, je serai mort. La cloche de la chapelle vous annoncera ma mort. Demain, vous irez à