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C’est le 26 juillet, jour de la Sainte-Anne, et, ce matin, doit se dire dans la petite chapelle la messe annuelle du Père Cocquart. Voilà 250 ans que la vieille petite église ne sert plus qu’à cette unique manifestation du culte extérieur catholique. C’est une cérémonie touchante, évocatrice des plus anciens comme des plus pieux souvenirs. Elle évoque, entre autres figures du passé, celle du bon père LaBrosse, l’apôtre bien-aimé de Tadoussac qui, pendant de longues années après sa mort, resta pour les pauvres sauvages de la région, l’image vivante du Père Céleste ; elle évoque également la merveilleuse légende de la mort de ce saint missionnaire, légende qui a tant contribué à transmettre de génération en génération la mémoire sacrée du bon père et à le faire invoquer comme un bienheureux par les habitants du pays.

La famille Davis n’avait pas voulu manquer l’occasion d’assister à la « Messe du Père Cocquart ». Blanche s’y était montrée particulièrement pieuse et rien n’avait pu la détourner des prières qui montaient ardentes de son cœur subitement attendri, pas même la présence de Paul qu’elle savait dans la chapelle. Le souvenir du Père LaBrosse la transportait d’un pieux recueillement ; il avait été l’apôtre de ce beau pays de Tadoussac qu’elle aimait tant maintenant. Elle se rappelait que pendant bien des années, comme le lui avait raconté, un jour, l’instituteur, les sauvages qui remontaient ou descendaient le Saguenay, ne passaient jamais devant le port de Tadoussac sans mettre le pied à terre pour aller prier dans la chapelle ou repo-