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pipeaux du flirt. Elle avait lu quelque part que le flirt est un jeu de hasard auquel le cœur se ruine et elle avait le désir honnête de ne pas se rendre jusqu’à la catastrophe. La rencontre de Paul Duval et les premiers instinctifs sentiments de sympathie à son égard lui apparaissaient comme une occasion de se ressaisir. Elle sentait qu’elle allait aimer franchement ce grand jeune homme qui devait être, lui, sincère ; il était pauvre, simple, qu’importe, l’idylle n’en présentait que plus de charmes. L’histoire du monde n’avait pas de plus brillantes époques pour elle que celles où les reines s’éprenaient des bergers. Aussi, croyait-elle bien sérieux, très sincère, ce qu’elle ressentait pour le jeune instituteur. Et ces sentiment, était-ce seulement de la sympathie ? Était-ce de la simple amitié ?… Est-ce de l’amour ? Son cœur n’était pas encore fixé.

Un autre soir, Paul avait donné rendez-vous à la Montréalaise à l’extrémité du Parc, Il s’y était rendu le premier. En attendant Blanche, il s’était installé sur un banc, les yeux perdus dans les étoiles. Sur le velours sombre du ciel, elles scintillaient vivement et leur éclat opalisait autour d’elles le fond bleu sur lequel elles semblaient cousues comme de brillantes paillettes. Le vent qui s’élevait de la mer, en bas, faisait doucement frissonner les arbres qui étendaient leurs grandes branches au-dessus de lui.

Au loin, il vit trembler sur les flots, la lumière falotte du phare de l’Îlet-aux-Morts.

Paul se mit à feuilleter les derniers feuillets de