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goujon, vorace et paresseux, et il promettait à la jeune fille de lui faire entendre, un soir de pluie, le cri rauque du plus puissant de nos batraciens, le « wawaron ». Souvent, à quelques verges seulement de la rive, un marsouin surgissait en soufflant bruyamment ; pendant une minute, on voyait son dos blanc et bombé émergeant de l’eau comme la coque d’une petite barque blanche que le vent aurait renversée et qui s’en irait à la dérive au gré de la marée…

Dans la montagne, c’était un autre monde aussi intéressant, que l’instituteur faisait connaître aux yeux émerveillés de Blanche.

Notre langue populaire désigne à sa façon les végétaux qui attirent l’attention par une particularité quelconque. Paul Duval présentait à son amie une plante qui porte haut ses fleurs aplaties : c’est le « tourne-sol » qui tourne, en effet, tout le jour, sa large face jaune à l’Astre-Roi. Dans un ravin qu’il a pris pour parterre, égaré loin de ses frères, voici le « quatre-saison » avec ses corymbes gigantesques et qui fleurit toute la belle saison… puis, on écrase sans pitié des pieds ces petits fruits rouges qui avaient tant excité l’admiration de M. Davis un jour, dans le parc, le « quatre-temps » qui garde ses fruits au ras du sol jusques sous les neiges.

Paul enseignait qu’il n’est pas jusqu’à la piété la plus tendre qui n’intervienne dans la terminologie des végétaux et il montrait à Blanche cette graminée dont les belles feuilles sont ornées de bandes longitudinales, blanches et vertes, et que l’on appelle, en