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IX


Paul Duval et Blanche Davis se revirent souvent. La Montréalaise plaisait au maître d’école. Pour lui, Blanche Davis était une nature d’exception, toute intelligence, toute bonté et beauté, qui avait la qualité rare, chez une femme riche, d’estimer les hommes d’après leur valeur réelle et non d’après leur situation. De son côté, Blanche recherchait, et ne semblait pas s’en cacher, du reste, la présence de l’instituteur. La sympathie que lui avait inspirée Paul, dès la première fois qu’elle le vit, prenait corps et se soudait à elle ; et ce sentiment n’allait pas tarder à devenir ce magique et merveilleux diamant que l’on nomme l’amour. La cristallisation s’opérait à chaque tête à tête des deux jeunes gens.

Chaque jour maintenant, tous deux faisaient de longues promenades, soit dans le parc, soit dans la montagne ou encore le long des grèves à l’Anse à l’Eau, partout où la solitude les appelait.

Paul avait appris à pêcher à la jeune fille ; elle prenait grand plaisir à ce sport ; elle y éprouvait un véritable bonheur. C’était pour elle une troublante espérance que celle de chercher à tirer de son élément le poisson qu’elle ne voyait pas. Paul lui montra ses lignes, les petites et les grandes, les lignes de fond et