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VIII


C’est jour de congé.

Un doigt pâle du jour a troué les rideaux des fenêtres et a annoncé l’heure du lever. Un premier rayon de soleil épand au bord de chaque colline et au sommet des pics, les promesses d’un beau jour. Sur la montagne, des nuées lumineuses s’amoncellent ; le fleuve s’enveloppe de brouillards. De la terre encore chaude de la veille monte une pénétrante odeur d’herbes humides. Des oiseaux chantent qu’on ne voit pas.

La villa Davis, toute grise, persiennes encore closes, semble dormir silencieusement dans l’ombre pesante des grands arbres verts. Mais on ne dort plus à l’intérieur. En effet, les horloges ont à peine sonné cinq heures que l’on voit sortir de la villa, en complets costumes d’excursionnistes, M. Davis, sa fille et Gaston Vandry qui prennent aussitôt la route de la grève. Ils rejoignent bientôt Paul Duval qui les attend au bord de l’eau, nonchalamment assis sur le rebord d’une chaloupe.

« La brise est bonne, » dit l’instituteur, après qu’il eut salué ses amis ; « nous allons remonter le Saguenay comme à la vapeur. »