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L’APPEL DE LA TERRE

fille et découvrait en elle mille perfections nouvelles.

« Écoute bien, petite amie, et regarde-moi en face. Mon travail, mon application et un tas de choses qu’il serait trop long de t’énumérer font que je suis de plus en plus content de mon sort. À moins d’une malchance, dans un an nous serons mariés. »

Pour la troisième fois, Jeanne rougit, mais, se remettant bien vite, ce fut de sa part une cascade de questions et de confidences ; un flot de petits riens, délices des amoureux, suivit la déclaration de Paul et le tout se termina par :

« Tu verras, Paul, quand je serai ta femme quel beau ménage nous ferons ! »

— Voici ton père, dit Paul tout-à-coup, demande lui la permission de m’accompagner jusqu’à l’église.

Le menuisier eut un geste de surprise en voyant Paul. Les deux hommes se serrèrent cordialement les mains.

« On me demande souvent de tes nouvelles, » dit Jean Thérien, « mais j’en donne comme je peux ; on ne te voit jamais… À propos, viens donc, un dimanche soir, manger avec nous un saumon à la sauce blanche. La cuisinière du curé a donné à Jeanne une recette dont tu me diras des nouvelles. »

Et le brave homme fit claquer sa langue joyeusement.

Jeanne sourit, puis, prenant le bras de Paul :

« Tu permets, père… puisqu’il doit revenir ? » Et ils s’en allèrent tous deux, sous l’illumination diamantée du ciel, leurs cœurs battant à l’unisson.