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L’APPEL DE LA TERRE

des batraciens. Il avait le cœur en joie et il se rappelait avec délice le jour où il avait connu Jeanne.

Ils s’étaient rencontrés, pour la première fois, pendant une soirée chez le marguillier Pierre Bernier. C’était pendant les dernières vacances de Paul.

Quelques jours après, ils se virent à la rivière, près du pont. Paul menait boire le cheval d’André et Jeanne allait puiser de l’eau pour laver le linge. C’était jour de lessive. Paul, désireux d’éviter une fatigue à la jeune fille, voulut tirer les seaux de la rivière ; mais la gentille laveuse résista plaisamment ; Paul insista. Leurs mains rudes se heurtèrent et leurs visages se touchèrent presque. Ravis, ils tressaillirent d’une ivresse profonde…

Le cheval, indiscret, leva sa grosse tête et, les naseaux trempés de gouttelettes brillantes, contempla les amoureux de ses gros yeux brillants.

Jeanne avait cédé et, pendant que le jeune homme se penchait sur l’eau pour tirer les seaux, elle demanda, rougissante :

« Vous vous souvenez de la veillée chez Pierre Bernier ? »

— Oh, oui ! s’était contenté de répondre Paul, timide, et qui faisait trembler les seaux au bout de ses bras.

Et ce fut tout, Paul ne se souvenait plus d’autre chose. Si, une troupe de petits oiseaux passa au-dessus d’eux en gazouillant. Le cheval leva la tête encore une fois en faisant un grand bruit d’eau dans sa gueule embarrassée du mors. Alors, Paul avait