Page:Potvin - L'appel de la terre, 1919.djvu/20

Cette page a été validée par deux contributeurs.

III


Le souper est servi sur la nappe de toile du pays. Dès que sonne la demie de sept heures, le père Duval s’installe à sa place, et, en deux minutes, avale sa part de soupe, une bonne soupe aux légumes telle que savent la faire si bien les ménagères de la campagne. Il aurait bientôt fait d’engloutir sur la même mesure l’omelette au jambon qui sentait bon par toute la pièce, mais il s’arrêta quand la mère Duval fit remarquer avec douceur :

« Il est entendu que nous attendons Paul. »

Et le père se résigna en jetant des regards attendris sur l’appétissante « catalogne ».

Ce nouveau supplice de Tantale ne se prolongea pas heureusement outre mesure pour le faucheur affamé. On frappa à la porte et un jeune homme entra qui se jeta aussitôt dans les bras de la mère Duval qui n’avait que le temps de s’écrier :

« Je le savais bien, moi, que c’était Paul ! »

Le jeune homme alla presser les mains du père et d’André, puis l’on se mit à table.

Paul Duval venait de traverser les trois lieues de montagne qui séparent Tadoussac des Bergeronnes pour venir passer avec les siens la journée du lendemain.