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du Saguenay, mousse dans les gros verres à facettes qui brillent gaiment sur la nappe blanche, devant les assiettes à fleurs bleues… et l’on boit à la santé du retour de l’instituteur à la terre paternelle….

« Dommage qu’elle ne soit pas à vendre, la terre du père, » fait remarquer Joseph Mercier ; c’est une bonne terre…

— Oui, mais si elle avait été vendue, répond Samuel Gendron, ça aurait été aux propriétaires des moulins. Ça ne nous aurait pas profité guère.

Alors le père Duval prit occasion de la remarque pour annoncer d’un air mystérieux qu’à trois reprises différentes on lui a demandé à acheter sa terre pour les fins des futurs moulins, mais qu’il avait refusé les trois fois. « Ça me disait, » ajouta-t-il, « que Paul reviendrait et que, alors, dans ce cas, la terre ne serait jamais à vendre, à aucun prix… »

— Prends ça pour toi, Gendron, lança Joseph Mercier.

L’on but un verre de vin de bluet « à la santé » de la terre du père Duval.

« Ces moulins-là, ça marchera pas longtemps, » fit remarquer un habitant d’en bas de la rivière qui s’habillait pour partir, « vous verrez… »

— Le fait est qu’y auront pas assez de bois pour tenir longtemps, répondit Mercier.

— N’importe, ça amènera toujours un peu d’argent dans la place, fit remarquer le père Duval. Ça ne nous fera pas tort.

Pendant que l’on parlait des moulins, Paul et