Page:Potvin - L'appel de la terre, 1919.djvu/188

Cette page a été validée par deux contributeurs.

XXIII


« Woh !… Woh !… Arriédon !… » et le bruit saccadé des grelots s’arrêta juste devant la porte. «  Jésus… faites qu’il revienne !… » murmurait Jeanne Thérien, pendant que crépitait encore la flamme de la bûche incendiée.

On frappa subitement à la porte…   « Quoi ! la messe est finie, déjà ? » Ah ! le rosaire a été dit à temps… « Entrez !… »

Un homme entra emmitouflé dans un ample manteau couvert de neige. L’étranger, d’abord, sembla ébloui par la clarté que projetait dans la pièce la grosse lampe des cérémonies que Jeanne avait pensé d’allumer. Cette dernière, comme pétrifiée, n’avait pas fait un mouvement à la vue de l’homme qui, avec des gestes brusques, secoua la neige qui le couvrait ; puis, il enleva son bonnet de fourrure. Alors il y eut deux cris ;

« Paul !… »

« Jeanne !… »

Et les deux jeunes gens se jetèrent dans les bras l’un de l’autre. Ah ! le bonheur de se revoir à cette heure où tout devait être si triste, après la si longue et si cruelle séparation dont l’un et l’autre, sous des formes un peu différentes, avaient tant souffert ; ah ! la