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qu’elle ne cherche plus, au reste, à dissimuler, la mine davantage. Abattue, elle déclare que les hommes se passeront de pâtisseries, cette année.

Ah ! il y en aura d’autres tristesses, plus grandes, dans la famille Duval. Il en manquera un, hélas ! aux réunions accoutumées ; et l’on était bien triste. À mesure que s’approchaient les Fêtes, des nuages noirs s’amoncelaient dans tous les cerveaux.

André, peiné et mortifié d’avoir à renoncer à une coutume puérile mais dont la privation prenait tout à coup, à ses yeux, le caractère d’une nouvelle catastrophe, proposa à sa mère d’aller chercher Jeanne Thérien pour l’aider à la cuisson des pâtisseries.

« La pauvre petite en a bien assez à faire chez elle, » fit remarquer la mère Duval.

— Ah ! il y a longtemps que tout est fini chez Jean Thérien, répondit André ; j’y suis allé, l’autre jour, pour un nouveau manche de hache. C’est reluisant comme un autel.

La mère consentit enfin avec d’autant plus de bonne volonté que la perspective de passer les Fêtes sans pâtisseries ne lui souriait pas plus qu’à André ou au père dont le silence, d’ailleurs, constituait, en l’occurrence, la plus évidente protestation. En même temps, on décide que Jeanne resterait pour le réveillon et que l’on inviterait Jean Thérien qui viendrait après la messe…

Quand André et Jeanne arrivèrent chez le père Duval, la tempête se déchaînait pour de bon. Comme la neige était abondante et le vent très fort, elle fut