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jamais. Noël !… que de coutumes naïves, puériles si l’on veut, se groupent autour de ce mot. Oh ! ne les raillons pas, ces coutumes ancestrales de nos campagnes, au temps des Fêtes ; elles sont touchantes parce qu’elles ont leurs racines au plus intime de notre être.

Noël commence la série des Fêtes et tout s’anime à son accent magique. La neige, le froid, le vent, la poudrerie, les bois dépouillés et chargés de verglas, craquant sous les coups du vent, nous disent : c’est les Fêtes. La neige nous fascine par ses reflets ; la forêt gémissante a un langage pour nous et il est plein de mystère quand ses échos engourdis répercutent les bruits tintinnabulants des grelots sur la route, le soir, après la veillée, et ceux de la neige qui crie sous les lisses des « berlots ».

Nous sommes donc à la veille de Noël, et dans toutes les demeures des Bergeronnes, on se prépare à la grande fête. Depuis huit jours, les vaillantes femmes d’habitants frottent, astiquent, époussettent et balayent. Aujourd’hui, elles se mettent résolument aux pâtisseries ; les manches retroussées jusqu’aux coudes, elles enfoncent leurs bras dans la pâte jaunâtre et farineuse qui, plus tard un peu, plongée par boulettes dans la graisse pétillante, va se transformer en succulents croquignoles ou en appétissants beignets glacés et dorés ou bien blanchis de poudre de sucre…

Mais la mère Duval, aujourd’hui, n’en peut plus ; elle est fatiguée du grand ménage et un gros chagrin