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des maisons empruntaient encore un air de dignité à la lumière dont les raies traversaient au loin les boulevards ; et, à part les places des parcs qui étaient plus claires, rien, en vérité, n’avait changé. Les maisons continuaient de se resserrer en masses sinueuses, par endroits, disséminées en archipels que les groupes de bâtisses reliaient à des empâtements plus denses.

Le jeune homme, comme rasséréné par les sensations exquises et fraîches du paysage, respirait largement l’air lumineux. Près de lui, des couples passaient avec une belle insouciance de sa curiosité et des curiosités environnantes. Il surprenait, au passage, des sourires, des mots tendres et, derrière lui, quand ils étaient passés, souvent, des baisers. Partout, autour de lui, l’amour s’attestait seul personnage de mille scènes. Les femmes répandaient à leur suite une sénérité voisine de la joie qui se traduisait sur les visages des hommes par une détente des traits fatigués…

Tout à coup Paul tressaillit. Un groupe montait qu’il distinguait assez clairement dans la lumière crue et, dans ce groupe, il crut distinguer la svelte silhouette de Blanche Davis. Son cœur bondit. Serait-il vrai qu’il allait enfin vivre l’instant de sa vie pour lequel il s’était imposé tant de sacrifices et tant de souffrances ?

Le groupe, composé de jeunes gens et de jeunes filles, s’avançait, joyeux et bruyant. Paul Duval n’eut plus de doutes ; Blanche Davis était presque en