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vitres laissant par intervalle, un silence de tombe au dehors et dans la chambre. Et Paul Duval continue de pleurer.

Le lendemain, Paul n’eut pas de cœur au travail et, comme il avait fait pendant tant de journées, depuis qu’il était à Montréal, il s’en alla flâner de par la ville. L’idée lui prit de renouveler dans la Montagne la promenade qu’il avait faite, un des premiers jours qu’il était en ville.

C’était une journée radieuse d’arrière-automne ; l’air était sec, vivifiant et sonore. Les rayons d’un pâle soleil s’efforçaient tant qu’ils pouvaient, mais en vain, de réchauffer l’atmosphère. Plus encore qu’aux jours de la canicule, les promeneurs affluaient dans la Montagne. On profitait du dernier beau jour peut-être de cet automne pour arpenter les claires allées semées de feuilles mortes.

Paul Duval voulut refaire son premier pèlerinage. Après avoir marché longtemps dans les avenues, sous les arbres dénudés qui laissaient voir toute la splendeur du ciel, il s’en alla s’asseoir sur le banc rustique où, deux mois auparavant, il avait eu la première et terrifiante vision de la ville où déjà il avait tant souffert depuis, où il avait passé par tant de multiples phases.

Excepté autour de lui où la clarté crue de l’automne avait succédé à l’ombre encore touffue des débuts de septembre, rien, en bas, ne semblait avoir changé. Le bleu du ciel, purifié par de récentes bourrasques, se nuançait d’un blanc vaporeux sous un soleil échappé avec peine des brumes, et les faces et les dômes hâlés