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XXI


Quand les longues pluies larmoient intarissablement aux carreaux, les soirs d’automne, et que l’on entend le vent geindre dans les chambres transies aux fenêtres obliques, on se rappelle plus aisément les heures sereines vécues en famille.

C’était un de ces vilains soirs de novembre ; un vent d’hiver s’était levé faisant courir un frisson, une impression inusitée de froid sur toute la grande ville. Paul Duval, les deux coudes appuyés sur sa petite table de travail et la tête dans les mains, lisait une lettre… la lettre de la mère écrite là-bas, cette après-midi de la Toussaint, par Jeanne Thérien… Pauvre petite lettre venue de si loin, comme elle torturait le cœur de l’expatrié. Quand il en eut terminé une première lecture, il faisait sombre dans la chambrette. Paul alluma sa lampe et relut de nouveau la lettre, puis une troisième fois, toujours de plus en plus ému, la baisant, chaque fois, à l’endroit de la signature. Il sentit à la fin son cœur se briser ; des sanglots soulevèrent sa poitrine et toute son émotion, tout son ennui, toute sa désespérance se fondirent dans des larmes…

Dehors, le vent qui siffle toujours ressemble aux plaintes d’un mourant ; une pluie aigüe fouette les