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L’APPEL DE LA TERRE

D’un côté, c’est la mer qui se chante éternellement à elle-même, sans se lasser jamais, son hymne vaillant et mélancolique, et de l’autre, ce sont nos Laurentides aux lignes nettes, aux sommets arrondis enveloppés de brume, aux pentes abruptes et aux gorges profondes, où dorment des lacs dans lesquels se précipitent des Niagaras en miniature. Pentes et cimes, gorges et vallées sont autant d’étagères qui supportent des forêts éternellement vertes de sapins et d’épinettes. Et de toute cette nature à la fois calme et tourmentée suinte un climat énergique dont la mâle alternance des hivers rigoureux et des étés vibrants fouette le sang et trempe les muscles.

C’est de ces monts et de ces plaines, de ces lacs tranquilles et de ces forêts sauvages qu’est faite l’âme du peuple canadien ; âme de douceur, de charme, de joie saine et franche qui s’accompagne, l’occasion venue, d’une bravoure indomptable et quelquefois farouche.

La nature laurentienne est variée et, pourtant, étudier l’un de ses aspects, c’est apprendre tous les autres ; connaître un village de nos campagnes, c’est savoir par cœur tous nos villages, comme on peut apprendre par l’étude d’un seul individu le type général de l’habitant de nos campagnes…

Quand le voyageur, harassé, est parvenu, par les lacets d’une route rocailleuse, au sommet des montagnes qui entourent, du côté du nord, l’embouchure de la rivière Saguenay, il aperçoit tout en bas, un joli