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XIX


Paul Duval vécut ensuite des jours singuliers. Le hasard sur lequel il avait compté pour lui faire rencontrer Blanche Davis ne le servait pas vite ; sans doute il voulait ménager ses effets.

Mais pendant ce temps-là, il se produisait de grands trous dans la bourse du jeune homme. Il lui fallait sans tarder trouver du travail. Il chercha ; il parcourut avidement, chaque soir, les petites annonces des grands journaux ; mais on demandait surtout des besogneux, des hommes de métiers, des sténographes, des dactylographes, sachant bien les deux langues, des comptables. Hélas, son instruction de simple maître d’école élémentaire n’allait pas jusque là ; et il n’avait aucun métier. Que pouvait-il faire en effet ? Enseigner à des potaches ; c’était tout et c’était peu.

Enfin, un soir, ses yeux tombèrent sur une annonce dans laquelle on demandait un copiste ; travail facile et assez rémunérateur pour un homme patient et assidu. L’ancien instituteur chercha à se convaincre qu’il avait une belle écriture ; l’habitude de faire appliquer ses élèves de Tadoussac à bien former leurs bâtons et leurs courbes avait également fait la main du maître au tracé des cursives amples et bien arrondies.