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« Venez à moi vous qui souffrez… la douleur s’apaise au murmure de mes sources et l’espérance renait aux rayons de mon soleil d’or ; vous qui êtes aimés et qui aimez sans espoir, songez que sous mes feuilles mortes de nouveaux bourgeons reverdiront et qu’avant de succomber mes grands chênes reverront encore bien des printemps… ?

Mais pour Paul Duval comme pour tous les hommes, le temps allait finir par accomplir son œuvre. Ainsi qu’une étoile longtemps regardée dans la nuit et que l’aube efface, le souvenir de Blanche allait s’éteindre dans le cœur de Paul, quand un matin, la mère Thibault vint lui remettre une lettre. Le cœur du jeune homme battit ; la lettre était de Blanche et il lut :

« Mon ami. — Je n’ai pu résister au désir de vous écrire bien que nous soyons à jamais séparés maintenant. Il est pénible de venir vous troubler après cette absence ; mais je sais que vous m’avez aimée et que partant, vous n’avez pu m’oublier dès le commencement de notre séparation. J’ai deviné vos souffrances qui étaient aussi les miennes ; pourtant, il faut ne plus penser l’un à l’autre, mon ami. Ce qui est arrivé contre ma volonté est irrévocable. Il nous faut même bannir de nos cœurs le souvenir de ces jours où nous avons filé le même parfait amour dans le décor d’une même beauté. C’est dur, mais que voulez-vous… ?

« Une autorité supérieure a décidé de mon mariage avec un homme que je n’aime pas. Serai-je