Page:Potvin - L'appel de la terre, 1919.djvu/123

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tristesse, une sorte de noir affreux avaient taché la sérénité de sa jeune vie. Ah ! il s’expliquait bien, au reste, cette tristesse des heures d’une vie de vingt-cinq ans qui devraient engendrer seulement des sentiments de joie, de plénitude, de confiance dans le présent et dans l’avenir, et qui, chez lui, au contraire, le pénétraient de la plus pesante mélancolie…

Paul Duval prend plaisir à accrocher son esprit à des morceaux de nature que lui sert le train au hasard de la route et de la vitesse et où il souhaiterait pouvoir s’arrêter longtemps… Mais avant que son désir ait pu se préciser, le train l’emporte plus loin, toujours plus loin.

La griserie de la vitesse active son imagination en même temps qu’elle fait affluer les souvenirs dans son âme endolorie.

Il se souvient qu’il a été plusieurs jours malade et que sa mère a dû rester auprès de lui pour le soigner… Ah ! le coup avait été rude. Il aimait de toutes les forces de son âme et, brusquement, on avait arraché de son cœur l’objet de son amour. La plaie était vive et elle devait mettre du temps à se cicatriser. Il pensa mourir mais sa forte constitution triompha.

Au mois de septembre, la famille Davis avait quitté Tadoussac pour retourner à Montréal. Paul ne put revoir Blanche avant de partir. Ce fut un nouveau grand coup pour le jeune homme. La santé lui était revenue cependant, mais le souvenir de la montréalaise était loin d’être effacé de son cœur. Il l’avait trop aimée pour l’oublier si vite. Un grand vide