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m’opposer. Mais d’un autre côté, je vous défie, de nous empêcher, votre fille et moi, de nous aimer. Contre cela, monsieur, vous ne pouvez rien faire… Et maintenant, monsieur, à part l’aveu de notre amour réciproque, me soupçonneriez-vous de quelque chose de répréhensible ?  »

M. Davis, frappé de la loyauté empreinte sur la physionomie du jeune homme, fit un signe de dénégation :

« Je ne vous accuse pas, monsieur… mais vous comprenez ma situation. Nous avons des obligations envers le monde auquel nous appartenons. Votre intelligence, l’intuition que je vous accorde des choses de ce monde-là me dispensent de préciser davantage… Voulez-vous me promettre de ne jamais chercher à revoir ma fille ? Je sais que je vous demande là un gros sacrifice… Au reste, monsieur, je n’oublie pas que vous avez sauvé ma fille et qu’elle vous doit la vie… Vous n’aurez pas affaire à un ingrat… Vous engagez-vous, moyennant une somme que vous fixerez vous-même…  »

Mais Monsieur Davis, n’eut pas le temps de finir sa phrase et de tirer d’une poche intérieure de son habit son carnet de chèques. Paul, blêmissant sous l’insulte, s’approcha de lui :

« Je suis pauvre, monsieur, mais je n’ai jamais été outragé par personne. Vous venez de commencer. Votre argent, je le repousse comme une aumône indigne de vous et de moi. J’ai maintenant le droit de ne plus vous entendre. »