Page:Potvin - L'appel de la terre, 1919.djvu/112

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Jeanne, sur la route de l’église, un autre grand œil lumineux fouillait ainsi l’horizon.

« Blanche », fit-il tout à coup, « n’aurions-nous pas pris pour de l’amour des sensations qui n’en sont que le parfum lointain ?…

— Ah ! taisez-vous, Paul, ne me faites pas mourir… Je vous aime, moi, vous le savez… tu le sais et tu m’aimes aussi, tu me l’as dit, un jour… Écoute-moi, mon Paul, quand je serai mieux, très mieux, je déclarerai à mon père que son devoir est de consentir à notre union. Oui, je comprends vos… tes scrupules ; à cause de certaines conventions ridicules tu ne peux croire à notre union définitive… chasse tes scrupules, mon ami, mon bon ami… c’est du poison comme ces fleurs… ils sont l’ennemi de notre amour ; il faut les arracher vite, ils pourraient empoisonner notre bonheur… mon bonheur. Oui, mon bien-aimé, je te le dis encore, il sera du devoir de mon père de nous laisser aimer… Je le lui démontrerai… Et puis, ne m’as-tu pas sauvé la vie ; sans toi, je dormirais là-bas, au fonds du gouffre noir du Saguenay, avec les affreuses barbottes que nous pêchions, un jour, sur le quai de l’anse, t’en souviens-tu ? Brrr !… qu’elles étaient affreuses ! Mon père est bon, il m’aime et il se souviendra du drame de la Pointe-aux-Bouleaux ; mon père est ton débiteur, mon Paul… et je suis ta débitrice aimée qui ne peut vivre sans toi… sans son sauveur…

« Et comment trouvez-vous notre malade, monsieur Duval, demanda Madame Davis qui apparut