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XIV


« Fi !… des mauvaises herbes.

— Jolies fleurs… vos mauvaises herbes.

— Mais poison quand même… »

Et Paul Duval s’assied près de Blanche Davis qui, à demie couchée dans une chaise longue, respirait avec délice un énorme bouquet de fleurs des champs que venait de lui apporter un gamin du village. Les deux jeunes gens étaient en ce moment sur la véranda de la Villa. Paul était venu, ce soir, comme toujours, demander des nouvelles de la jeune fille et on lui avait permis d’aller la voir. Elle s’était levée et le médecin lui avait même permis de sortir.

C’était un soir délicieux de rêve. Du parterre arrivaient des parfums suaves de fleurs fanées ; les grands arbres du jardin dormaient, majestueux et calmes, sans un souffle dans leurs feuilles pressées, et le ciel, implacablement bleu, malgré l’obscurité grandissante, versait une lumière diaphane sur toute la nature. D’en bas, le long et berçant murmure du fleuve montait, engourdissant les êtres et les choses.

Autour de la Villa, un engoulevent voltigeait en jetant de temps en temps son cri perçant dans le silence du soir… Pendant quelques instants, les deux jeunes gens suivirent des yeux les capricieuses et gra-