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Il faut mourir ! mais les blés sont superbes !
Il faut mourir ! mais le raison mûrit.
Il faut mourir ! mais l’insecte des herbes
Trouble le gîte et le grain qui nourrit.
Le ciel s’étend sur toute créature,
En est-il donc qui naissent pour souffrir ?
Sous les scellés qui donc tient la nature ?
     Il faut mourir !
   Frères ! il faut mourir !

Le désespoir a vidé la mamelle.
Ne tette plus ! Meurs ! petit citoyen.
Ton père eut tort, ta mère est criminelle,
On ne fait pas d’enfant quand on n’a rien.
La fièvre gagne et le faubourg s’irrite !
Venez fusils, canons, venez guérir,
La mort de faim ne va pas assez vite !
     Il faut mourir !
   Frères ! il faut mourir !

Allons, misère, à tes rangs, bas les armes !
Qu’à pleine rue on nous achève enfin.
Femmes, venez, pas de cris, pas de larmes !
Enfants, venez, puisque vous avez faim.
Tueurs en chef, achevez la campagne,
Puisse avec nous notre race périr !
Au travailleurs ne léguons pas le bagne.
     Il faut mourir !
   Frères ! il faut mourir !


30 juin 1848.