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Ceci c’est la maison de filles :
La morgue de l’amour malsain ;
Pour elle, écrémant les familles,
Le luxe a raccroché la faim.
Vois, sous le gaz, la pauvre infâme
Faire ses yeux morts agaçants,
Rouler son corps, vautrer son âme
Dans tous les crachats des passants.

Voici les prisons et les bagnes,
Les protestants par le couteau,
Comptant leurs crimes pour campagnes,
Et rusant avec le bourreau.
Au bagne on met l’homme qui vole
Dès qu’il épelle seulement,
Et quand il sort de cette école
Il assassine couramment !

Entrons dans les manufactures,
Les autres bagnes font moins peur :
On passe là des créatures
Au laminoir de la vapeur.
C’est une force qu’on dépense,
Corps, âme, esprit : reste un damné.
Là, c’est la machine qui pense
Et l’homme qui tourne engrené.

J’ai bien d’autres enfers encore,
Veux-tu que j’ouvre les cerveaux ?
Le virus de l’ennui dévore
<span class="coquille" title="Veux-tu que j’ouvre l’âme humaine ?
La matrice de vos travaux.">La matrice de vos travaux.
Veux-tu que j’ouvre l’âme humaine ?
Le muscle intime en est tordu ;