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» Ta conscience, un mousqueton ;
» Tu n’es plus qu’un homme à piston.
» Pour ce métier de cannibales
» On vous fond dans un moule à balles…
» ― Monsieur, disait Sancho Pança,
» Laissez donc la chaîne au forçat !

» ― Et toi, forçat des sacristies,
» Jette la soutane aux orties,
» Le cloître a fait pousser en toi
» Les moisissures de la Foi.
» Rome lymphatique propage
» Les scrofules du moyen âge…
» ― Monsieur, disait Sancho Pança,
» Laissez donc la chaîne au forçat !

» ― Toi, surtout, femme infortunée,
» Incomparable Dulcinée,
» Qui gémit aux mains des géants
» Et des enchanteurs mécréants,
» Du cœur la loi rompt l’équilibre,
» Il demande l’union libre.
» ― Monsieur, disait Sancho Pança,
» Laissez donc la chaîne au forçat ! »

Ô fleur de la chevalerie !
Dis-je alors dans ma rêverie,
Attaque ces géants de front
Malgré ton écuyer poltron.
Car, jusqu’au jour où ton épée
Aura clos la grande Épopée,
« ― Monsieur, dira Sancho Pança,
» Laissez donc la chaîne au forçat ! »


Paris, 1869.