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L’ENFANTEMENT



À Adolphe Douai, à New-York.


Les flancs tout en lambeaux, la mère
Est en travail sur son lit de misère,
Notre siècle est un dénouement.
L’humanité, notre âme-mère,
Est en travail sur son lit de misère.
Peuples, voici l’enfantement !
 
Elle attendait sa délivrance
Depuis bien des jours ! Mais : voici !…
Son cœur qui s’appelle la France,
Devine un mâle et dit : merci !
« Qu’importent mes douleurs profondes,
» Voici mon temps, voici mon lieu ! »
Et dans l’infini noir, les mondes
La veillent d’un regard de feu.
 
Chair qu’on dégrade et qu’on immole,
Dans un passé presqu’inconnu,
Ce fut d’abord la vierge folle
Se livrant au premier venu.
Assez d’orgie et de batailles,
Assez d’esclavage muet,
Elle a senti dans ses entrailles
Quelque chose qui remuait.
 
Il lui fallut percer les ombres,
Traverser les bûchers ardents,