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MARGUERITE



À ma fille Marguerite.


Marguerite a cinq ans et n’est pas baptisée,
La petite païenne ! Elle a le gai réveil
Des oiseaux gazouillant : Bonjour, mon beau soleil !
Et lui pose un baiser sur sa lèvre rosée.

C’est toute sa prière. Est-il Credo pareil ?
Elle admire le ciel, la flamme et la rosée :
Un nuage la tient une heure à la croisée ;
Elle aime ton drapeau, Commune, il est vermeil !

Elle ignore l’Église et va voir, le dimanche,
Les fragiles bourgeons qui s’ouvrent sur la branche ;
La nature lui parle et forme son esprit.

Elle devine un sens à tout. Quand on lui donne
Une pousse de chou que le printemps chiffonne :
― Oh ! regardez ! dit-elle, on dirait qu’elle rit !


South-Boston, 1877.