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Éclate flamme et te déploie
Siècles, voyez ! voyez, passants !
J’ai rallumé mon feu de joie,
Aujourd’hui, je n’ai que quinze ans !

Dans ce ravin se creuse un porche,
Là, ma muse balbutia.
En y descendant, je m’écorche
Aux ongles de l’acacia,
Mon corps roule et mon esprit flotte
Dans les éthers éblouissants…
Bon ! j’ai déchiré ma culotte.
Aujourd’hui, je n’ai que quinze ans !

Philosophe à l’âme indiscrète,
Soleil, vais-je t’interroger
Comme on fait d’une pâquerette,
Pétale à pétale, et songer ?
Non ! mais comme un collier j’égrène
Tous mes souvenirs séduisants :
Chérubin rêve à sa marraine.
Aujourd’hui, je n’ai que quinze ans !

Ah ! dans les herbes les plus frêles,
Je sens la vie et le baiser ;
Je vois les fleurs s’aimer entr’elles ;
Je vois les rayons s’épouser.
Velours des prés, soyez ma couche ;
Et, pour m’ouvrir l’âme et les sens,
Nature, un baiser sur ta bouche !
Aujourd’hui, je n’ai que quinze ans !


Fosse Bazin, 1856.