Page:Pottier - Chants révolutionnaires.djvu/120

Cette page a été validée par deux contributeurs.


LA VEUVE DU CARRIER



Au citoyen René Vaillant.


Claude est mort, j’aurais dû le suivre.
Mais l’enfant ? je le sens pourtant,
Je le sens en moi qui veut vivre,
Il ne sait pas ce qui l’attend.

Huit engloutis dans la carrière.
Il en meurt, dans ce métier-là !
Je crois le voir sur la civière,
Sanglant, tout pâle, il me parla.
Il me dit de sa voix éteinte,
Quand je l’écoutais respirer,
Quel malheur ! te laisser enceinte,
N’ayant que tes yeux pour pleurer !

C’est bien bon d’aimer, d’être mère !
Ne voulant pas, dans sa misère,
Faire un misérable de plus,
Un lundi nous vint la folie
De courir les champs… Des beaux bois
L’air grise… On rentre… et l’on s’oublie.
Les pauvres ne sont pas de bois !