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Depuis dix ans la vie afflue
Dans son quartier de terrains nus :
Encaissant seul la plus-value,
Il décuple ses revenus.

Avec nos pleurs, nos sueurs vaines.
Il a gâché tout son mortier.
C’est le plus pur sang de nos veines
Qu’il touche en rentes par quartier.

Un prompt remède est nécessaire…
Vautour est féroce et subtil :
Mais, s’il pousse à bout la misère,
Comment cela finira-t-il ?

Il faut que le pauvre s’abrite,
On a sommeil comme on a faim.
Ne doit-on pas taxer le gîte
Comme l’on a taxé le pain ?

L’usure a ses heures tragiques.
Foulon vous apprend, mes amours,
Comme on promène au bout des piques
La tête pâle des vautours.

Toi, la terreur du pauvre monde,
Monsieur Vautour ! monsieur Vautour !
Quittance en main, tu fais ta ronde.
Déjà le huit ! déjà ton jour !
Vautour !


Paris, 1882