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13. Nous avons trois belles mers et encore beaucoup de chaumes — Qui attirent beaucoup de curieux. — Ils y viennent pour chercher des herbes qui sont des baumes, — Et dès qu’ils en ont, ils sont heureux.

14. Les grands, dès qu’il fait chaud, aiment de boire à la glace ; — Ils ont du mal pour la garder. — Et nous, par ici, dans les plus grandes sécheresses, — Nous en avons un gros tas dans un trou.

15. Nous ne sommes certes pas bien loin de quatre mille sept cent têtes ; — Et nous avons, pour vivre tous, — La vaisselle (de bois), la poix et la toile et nos bêtes : — La terre est bien loin de nous nourrir.

16. Et dès qu’il n’est plus de neige, on nettoye les prés, on fume ; — C’est lorsque le mois de mai revient. — Nous som­mes fort pressés pour le pré, les essarts ; — Et pour (ouvrer) préparer le bois de l’hiver.

17. La femme a soin du beurre, de l’étable et du lait, — Et nos enfants deviennent extracteurs de poix. — Après que la besogne est faite et qu’on chauffe le fourneau, — Il en est beaucoup qui sont tourneurs.

18. Il en est beaucoup aussi qui ne peuvent que filer leur quenouille ; — Et d’autres travaillent le hêtre — Pour des (souliers) sabots, des boîtes ou quelques autres menus objets. — Ils font tous ce qu’ils peuvent.

19. Il est encore une autre chose de laquelle on s’étonne : — Nos femmes font du salin. — C’est pour ce pays-ci une chose qui est bien bonne. — La femme a cela pour son ménage.

20. Il est de pauvres gens qui toute la journée — Ne font rien que de la charpie. — C’est un moyen de vivre qui n’aura qu’un moment : — Après la guerre on n’en fera plus.

21. Notre endroit est bien connu, surtout pour le fromage. — Nous voudrions vous en présenter, — Comme, dans le vieux temps, nos pères, en leur langage, — Donnaient à leurs prin­ces des sabots.

22. Voulez-vous que nous vous le disions ? Les cuveliers, les